« Les retraités français sont-ils riches ? » : une étude de Silver Alliance
Après avoir étudié le coût du bien vieillir à domicile dans son baromètre « Comment ça coûte d’être vieux en France ? », Silver Alliance poursuit son analyse des seniors en publiant une étude sur le pouvoir d’achat des retraités français.
Sources de revenus et de dépenses, épargne, héritage, donation ou encore pratiques plébiscitées pour augmenter son pouvoir d’achat, l’étude réalisée par l’institut CSA passe au crible le porte-monnaie des 65 ans et plus. Alors, les retraités français sont-ils riches ?
Baisse du pouvoir d’achat à la retraite : mythe ou réalité ?
La perception du pouvoir d’achat des retraités
« Depuis votre départ à la retraite, diriez-vous que votre d’achat a diminué, augmenté ou est resté stable ? ». Sans surprise, à cette question, près de 7 retraités sur 10 estiment que leur pouvoir d’achat a diminué depuis leur départ à la retraite. La moitié d’entre eux évalue cette baisse à moins de 15 %.
Et les retraités pensent que cela ne va pas s’arranger avec le temps : 6 retraités sur 10 redoutent une baisse de leur pouvoir d’achat dans les prochaines années. « Les retraités sont pessimistes : ils s’attendent, d’une part, à une hausse continue des dépenses de base (électricité, impôts locaux…) et, d’autre part, au gel probable et durable de leur pension de retraite dû à un déficit important des caisses de retraite »explique Ludovic Herschlikovitz, fondateur de Retraite.com, un site d’information spécialisé dans la retraite en France.
Pouvoir d’achat des retraités : des revenus supérieurs aux dépenses
S’ils ont peur de l’avenir, l’étude Silver Alliance « Les retraités français sont-ils riches ? » montre toutefois que les revenus des retraités couvrent l’ensemble de leurs dépenses quotidiennes (alimentation, énergie, assurances, transport, santé, loisirs…) et qu’ils parviennent même à mettre de l’argent de côté chaque année.
Les foyers de retraités de 65 ans et plus ont un revenu mensuel moyen de 2 199 € (1 563 € pour un retraité vivant seul et 2 625 € pour un couple). Ce montant inclut les retraites de base (97 %), les retraites de réversion (18 %), les revenus d’épargne (15 %) ou encore les revenus locatifs (11 %). À noter que 12 % des sondés continuent d’exercer une activité professionnelle rémunérée à temps plein ou à temps partiel à la retraite. Toutefois, les foyers de retraités ne dépensent que 1 524 € par mois (1 188 € pour un retraité vivant seul et 1 756 € pour un couple). Un solde positif à la fin du mois qui permet à la moitié d’entre eux (51 %) d’épargner régulièrement. Le montant moyen d’épargne des retraités s’élève à 3 137 € par an. Mais comment expliquer un tel niveau d’épargne chez les retraités ?
Des retraités détenteurs d’un patrimoine immobilier important
« Les retraités concentrent l’essentiel du patrimoine, notamment immobilier » explique Xavier Terryn, directeur du pôle Connect de l’institut CSA. En effet, 69 % des retraités sont propriétaires de leur résidence principale et 14 % sont également propriétaires d’au moins une résidence secondaire. Parmi eux, la quasi-majorité (92 %) a fini de rembourser son prêt immobilier. Le logement, premier poste de dépense des ménages français, pèse dès lors bien moins lourd dans le budget des retraités. « Si les revenus des seniors diminuent à la retraite, notre étude montre que certaines de leurs dépenses diminuent aussi. Lorsque vous n’avez plus d’emprunt immobilier à rembourser, vous gagnez en pouvoir d’achat », précise Benjamin Zimmer, directeur délégué associé de Silver Alliance.
Par ailleurs, depuis leur départ à la retraite, 16 % des retraités ont reçu un héritage. Une part plus élevée auprès des 75 ans et plus (22 %), des propriétaires de leur logement principal (20 %) et des propriétaires de résidence secondaire (31 %). Le montant moyen de l’héritage perçu par les retraités est de 68 000 €. En revanche, les donations n’ont pas la côte puisqu’elles ne concernent que 1 % des sondés.
Augmenter son pouvoir d’achat à la retraite : une nécessité pour les seniors ?
Programmes fidélité, soldes et codes promo en tête
Reprendre une activité professionnelle à la retraite, vendre des produits d’occasion dans un vide-greniers, faire du covoiturage ou encore renégocier ses contrats d’assurance, les solutions pour augmenter son pouvoir d’achat à la retraite sont nombreuses. Pourtant, près d’un tiers de retraités interrogés affirment ne recourir à aucune de ces pratiques pour améliorer leur niveau de vie. Si pour les plus aisés, cela semble être par choix, pour les autres, le numérique peut constituer un vrai obstacle. « La fracture numérique des seniors est réelle, poursuit Benjamin Zimmer. Selon le baromètre du numérique du Crédoc, 44 % des retraités sont concernés par l’illectronisme et 67 % sont âgés de 75 ans et plus ».
Ainsi, les deux tiers restants ont plutôt recours à des pratiques dites traditionnelles : les retraités privilégient les programmes de fidélité (52 %) et les soldes et ventes privées (35 %), viennent ensuite les codes promos et réductions pour augmenter son pouvoir d’achat (33 %), loin devant les comparateurs de prix en ligne (19 %) et les brocantes (18 %).
Pouvoir d’achat : les occasions manquées des retraités
L’enquête Silver Alliance-CSA « Les retraités français sont-ils riches ? » dévoile que les retraités n’ont que très peu recours aux services des plates-formes de l’économie collaborative, qui leur permettraient pourtant d’améliorer leur niveau de vie. Seuls 15 % des retraités interrogés ont déjà acheté ou vendu des produits d’occasion sur Internet (LeBonCoin, Ebay, Facebook Marketplace…), 8 % ont déjà pratiqué le covoiturage (BlaBlaCar, Klaxit) et 6 % le prêt de matériel entre particuliers. « Les 65 ans et plus ont encore pas mal d’appréhension face au numérique et à l’économie du partage, explique Benjamin Zimmer. Rentrer son code de carte bancaire sur un site Internet ou louer sa résidence principale pendant son absence à quelqu’un que l’on ne connaît pas est une source d’inquiétudes ».
Finalement, dès lors que les pratiques pour améliorer son pouvoir d’achat impliquent la mutualisation d’un bien, on constate qu’il n’y a pas un intérêt énorme chez les retraités. « À cet âge, la voiture, que l’on a souvent achetée neuve et payée comptant, reste la dernière chose que l’on a envie de partager », fait remarquer Xavier Terryn de l’institut CSA. « Les retraités ont accumulé des biens toute leur vie. C’est dommage qu’ils n’aient pas recours à l’économie collaborative pour valoriser leur patrimoine », poursuit Benjamin Zimmer.
L’économie de partage : un eldorado pour les futurs retraités ?
Si les retraités d’aujourd’hui ont tendance à fuir les plateformes de l’économie collaborative, la situation pourrait s’inverser dans les années à venir. Plus à l’aise avec les nouvelles technologies, les futurs retraités devraient saisir les opportunités offertes par l’économie de partage. « Les baby-boomers vont vouloir aller chercher des points de pouvoir d’achat, car ils veulent continuer à se faire plaisir, analyse Benjamin Zimmer. Cela représente d’énormes relais de croissance pour toutes les entreprises du secteur ».
L’étude « Les retraités français sont-ils riches ? » de Silver Alliance a été réalisée par l’institut CSA entre le 17 et le 25 mars 2021, sur la base d’un questionnaire en ligne, auprès d’un échantillon de 604 retraités français âgés de 65 ans ou plus, vivant seuls ou en couple.