L’intimité et la sexualité des personnes âgées restent encore des sujets tabous. Pourtant, les seniors sont encore nombreux à avoir une vie sexuelle, parfois même meilleure qu’avant ! En effet, il n’y a pas d’âge pour prendre du plaisir. Décryptage.
Sexualité des seniors : état des lieux des freins et des préjugés
Aujourd’hui, les relations amoureuses ou sexuelles entre personnes âgées suscitent une certaine gêne, voire un rejet. Pour cause : le sujet est en proie à de nombreux préjugés, parmi lesquels l’idée que les seniors n’auraient plus de vie sexuelle.
S’il va de soi que la fréquence des rapports sexuels a tendance à diminuer avec l’âge, rien n’empêche les seniors de continuer à avoir une sexualité. Cependant, ils rencontrent parfois des freins qui les empêchent de s’y adonner de manière pleinement satisfaisante. Ces derniers peuvent être liés :
- Aux proches aidants : si la personne âgée vit une nouvelle histoire d’amour, cela suscite parfois une appréhension chez ses enfants qui la voient refaire sa vie. Dans certains cas, ils s’inquiètent même d’une éventuelle absence de consentement du fait de la baisse des capacités cognitives, ou craignent de perdre une part d’héritage au profit d’un nouveau compagnon.
- Aux seniors eux-mêmes : certains s’auto-censurent et ont l’impression qu’avoir des désirs et des pensées érotiques en vieillissant est une pratique honteuse. D’autres personnes âgées s’astreignent à une fidélité post mortem après le décès de leur conjoint(e).
- Aux capacités physiques : les personnes âgées peuvent faire face à une diminution de leurs sens (problèmes d’audition, de vue…), à des troubles de l’érection, à une sècheresse vaginale ou un trouble de la lubrification. Citons également les affections chroniques (diabète, arthrose, incontinence urinaire…) ou encore la dépendance fonctionnelle. Face à ces changements physiologiques, il est parfois difficile pour elles de conserver une vie sexuelle épanouie.
- À l’isolement : il n’est pas toujours facile de faire des rencontres. C’est d’autant plus le cas si l’on ne côtoie que de vieux amis et sa famille. En cela, la vie en collectivité peut avoir du bon puisqu’elle permet de côtoyer d’autres seniors et de nouer des liens.
Cependant, ce n’est pas pour autant que la sexualité des seniors est inexistante… bien au contraire !
Seniors : une vie sexuelle différente mais épanouie !
Des seniors épanouis sexuellement parlant
Avant toute chose, gardons bien à l’esprit que les comportements sexuels varient considérablement d’une personne à l’autre. Il en va de même pour une personne selon les périodes de sa vie. Le plaisir sexuel des uns n’est pas celui des autres et se situe généralement loin, très loin, des standards portés par la pornographie.
Selon une enquête menée en 2020 par Oui Care, 72 % des personnes âgées de plus de 60 ans ont une vie sexuelle épanouie. Ainsi, 44 % d’entre elles ont une activité sexuelle au moins une fois par semaine. 71 % semblent par ailleurs davantage vivre leur sexualité librement comparé aux jeunes. En effet, l’âge avançant, les complexes physiques disparaissent, de même que les barrières dans les pratiques sexuelles. D’ailleurs, contrairement aux idées reçues, 92 % des aînés ne considèrent pas la sexualité comme un sujet tabou.
Sexualité : des seniors imaginatifs dans leurs pratiques
Une étude de Terre des Seniors, datant de 2019, appuie ces dires. On y apprend notamment que les seniors sont plutôt aventureux en matière de sexualité.
- 46,7 % aiment faire l’amour dans la journée, quand on ne s’y attend pas ;
- 73,1 % apprécient avoir des relations sexuelles dans des endroits différents pour varier les plaisirs ;
- 71,6 % revendiquent avoir des fantasmes toujours aussi forts qu’autrefois ;
- 73 % oseraient offrir un accessoire coquin, plus connu sous le nom de sex-toy, à leur conjoint à Noël.
« La sexualité change au cours de la vie, on expérimente d’autres formes d’expression de la libido. En vieillissant, il est possible qu’on s’écarte davantage encore des modèles de puissance et de virilité basés sur la “pénétration/performance”, sans pour autant que le plaisir ne se perde, bien au contraire ! ». C’est ce qu’explique Véronique Cayado, Docteure en Psychologie, spécialiste du vieillissement, également Membre de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG).
Personnes âgées : les bienfaits de la poursuite d’une sexualité
Si auparavant, les seniors avaient tendance à stopper net leur sexualité au décès de leur conjoint ou en cas de séparation, l’essor d’Internet et la possibilité de faire de nouvelles rencontres en ligne changent la donne. En outre, en vieillissant, les seniors portent davantage d’attention à certains aspects de la sexualité, comme la complicité, les caresses ou encore la communication. De plus, ils peuvent s’adonner à la masturbation pour se donner du plaisir. La sexualité en solitaire n’est d’ailleurs pas réservée aux seniors célibataires. Elle peut, par exemple, compenser les différences de libido au sein d’un couple.
Quoi qu’il en soit, continuer à avoir une activité sexuelle malgré l’âge ne présente que des avantages. Le sexe offre l’opportunité d’exprimer de l’affection et de la passion pour une personne. En outre, il a un impact positif sur l’estime de soi, l’humeur et le bien-être. Il est également bénéfique pour le « bien vieillir » et agit positivement sur la santé physique. La santé psychique n’est pas non plus mise de côté puisque la sexualité protègerait des troubles cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer, grâce aux hormones qui sont libérées pendant l’amour.
Enfin, en matière de sexualité des seniors, il est important de souligner que les mentalités évoluent. Les progrès de la médecine permettent aujourd’hui de compenser certains déficits liés à l’âge (traitements pour la ménopause, viagra en cas de dysfonctionnement érectile, de baisse de la libido…). Consulter un sexologue peut également aider les couples à réinventer leur sexualité.
Même les établissements collectifs cherchent à faire évoluer leurs pratiques. Il est par exemple envisagé d’inscrire des règles précises concernant l’intimité dans le livret d’accueil remis à l’admission et de sanctionner toute introduction dans la chambre du résident en l’absence de son consentement. En outre, certains établissements envisagent de proposer des panneaux de portes « Ne pas déranger » ou encore d’aménager des chambres avec des lits médicalisés doubles.
Très bien détaillé et exact