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Le portrait du mois : Sœur André

— Publié le 5 mars 2019

Le portrait du mois : Sœur André

Soeur André, la doyenne de France

Silver Alliance revient pour son deuxième portrait du mois, avec un interview de Sœur André, réalisé par France Inter, quelques jours avant ses 115 ans. Certaines réponses nous ont marquées !

Lucile Randon, devenue Sœur André, est née le 11 février 1904. A 115 ans, elle est la doyenne officielle des Français .
A douze ans, elle devient gouvernante de trois enfants à Marseille chez un médecin. Un an après, elle part à Versailles comme institutrice chez la famille Peugeot. C’est en 1923 qu’elle reçoit son baptême et sa communion et vingt ans après elle entre dans la maison des Filles de la charité pour faire son noviciat à Paris. Elle part ensuite en mission à l’hôpital de Vichy pour servir quarante orphelins et des personnes âgées, elle y restera 28 ans. Puis Sœur André est envoyée dans la Drôme pour les gardes de nuit. En 2009, elle arrive à Toulon et entre à l’Ehpad Sainte-Catherine Labouré, à l’âge de 105 ans. Sa vue et son ouïe ont diminué avec les années, mais sa mémoire est restée intacte.

FRANCE INTER : Quel a été le plus beau jour de votre vie ?

SŒUR ANDRÉ : « Le retour de mes deux frères de la guerre de 14. J’ai eu le bonheur de les voir revenir tous les deux, même si le premier était gravement blessé. Le plus jeune était bien en forme, officier, galonne, médaillé. D’un gamin, on avait fait un soldat vaillant et ça, j’en étais fière. Il est arrivé à la maison au milieu de la nuit. Quand je me suis levée pour aller à l’école, Maman me dit que mon frère Lucien est arrivé. Ça a été la joie. Il s’est réveillé, il m’a embrassé, j’étais tellement heureuse. »

FRANCE INTER : Quel est le secret de votre longévité ?

SŒUR ANDRÉ : « Je n’ai aucun secret, trois fois je suis allée à la mort et trois fois j’en suis sortie. On ne sait ni pourquoi ni comment. J’avais une jumelle. Ma sœur est morte accidentellement à 18 mois, à l’époque nous étions séparées, chacune chez une nourrice. Je pense que le Bon Dieu veut que je remplace les jours qu’elle n’a pas vécu. »  

FRANCE INTER : Qu’allez-vous faire pour votre anniversaire ?

SŒUR ANDRÉ : « On me lève, on me fait belle, on m’amène à la messe – je suis en fauteuil roulant. Il y a une belle messe avec plusieurs prêtres et de la famille et des résidents. Ensuite on fait un repas spécial et puis il y a une petite réunion avec tout le monde et puis on se sépare en se souhaitant une bonne année. Dans le temps, j’étais très heureuse ce jour-là car on invitait pas mal de famille et des amis. Mais maintenant je suis trop fatiguée. C’est lourd à porter de faire des sourires à tout le monde toute la journée, dire un petit mot à chacun. Vous savez à 115 ans, ce n’est pas le rêve car parfois je dois dire des bêtises, à des moments on n’est pas très lucide. »

FRANCE INTER : Que peut-on vous souhaiter ?

SŒUR ANDRÉ : « Surtout que les guerres finissent. Trois guerres, c’est beaucoup pour une vie. Durant la guerre d’Algérie, j’étais à l’hôpital de Vichy et j’en ai vu partir des petits gars… Je me souviens d’un très beau garçon, un maçon qui avait restauré la chapelle, il était charmant. Il est revenu de la guerre, mais une bombe avait explosé à côté de lui et il avait perdu la tête, il ne reconnaissait plus personne. Un beau garçon de 22 ans, ça faisait mal. Quel garçon charmant c’était… Et que le Bon Dieu vienne me prendre bientôt. Partir pour soulager les gens qui s’occupent de moi et pour que je puisse retrouver ma famille et mes amis. 115 ans c’est suffisant, j’espère que le Bon Dieu me prendra cette année. »

Interview réalisé par France Inter.

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